Elle danse...

 Son corps souple et doré, aux jambes de déesse
Ondule lentement sous le rythme lascif.
Elle bouge, les yeux clos, sous la chaude caresse
Des regards qui se posent sur elle, incisifs…

La musique envahit son âme en transparence,
Le vide dans son cœur par les notes est comblé,
Elle oublie qu’elle est seule sur la piste de danse,
Sa vie qui virevolte efface les regrets…

Voluptueusement, sa robe la dévoile
Épousant les contours d’un corps fait pour aimer.
Elle est cette sirène qui attire les voiles
Et charme les marins pour les faire sombrer…

Ses pieds semblent flotter sur le bois de la piste
À chaque mouvement, elle attise le feu,
Et le fuseau des bas de soie, tel un harpiste,
Leur joue la symphonie du plus doux des aveux…

Enivrée, elle vacille tant leur désir de mâles
S’exprime lourdement au travers d’un brouillard,
Et le plaisir en elle soudainement s’installe
La transportant au loin en un coup de poignard…

Son regard brusquement s’emplit d’un flot de larmes
Elle est venue ce soir en pensant l’oublier,
Lentement, son esprit retrouve ses alarmes
Et peu à peu la nuit regagne sa contrée…

Elle quitte, indifférente, cette salle où la fête
Continuera sans fin jusqu’au petit matin.
Hébétée, elle fuit, car au fond de sa tête
De cet instant ne reste qu’une peau de chagrin.